À Gand, la participation occupe depuis longtemps une place importante. Récemment, la ville a non seulement quintuplé son budget dédié aux projets participatifs, mais a également réuni une vaste équipe de spécialistes de la participation et de « directeurs de quartiers » pour favoriser encore davantage la co-création. C’est donc sans surprise que la deuxième édition du projet de budget de quartier, « Het Wijkbudget », s’est tenue en 2020.
Dans l’objectif d’améliorer les quartiers de la ville, Gand a dégagé un budget total de 6,25 millions d’euros, et alloue entre 150 000 et 350 000 euros à chaque quartier. Le projet a été lancé en septembre 2020 pour les 11 premiers quartiers. Les suivants devront patienter un peu plus longtemps, mais pourront enfin participer à l’aventure en septembre 2021.
Les quartiers à l’honneur
Si vous aviez une baguette magique, que voudriez-vous changer dans votre quartier ? Quels sont les points qui pourraient être optimisés, et qu’est-ce qu’il faudrait changer ? Les habitants de Gand ont été invités à réfléchir à leurs quartiers et à faire part de leurs idées sur la plateforme de la ville, une plateforme qui est devenue un élément incontournable de la stratégie de participation en ligne de la municipalité. Les projets plébiscités par les habitants et réalisables en l’espace de deux ans seront étudiés par la ville.
« Chaque citoyen, chaque association, organisation ou entrepreneur gantois peut élaborer et proposer une idée. Grâce au dialogue et à la coopération avec la ville et d’autres penseurs, rêveurs et acteurs, ces projets seront développés et mis en œuvre ».
Ville de Gand
Afin d’attirer l’attention sur le projet, la ville a lancé une campagne de sensibilisation à grande échelle. Le conseil municipal a notamment placé de grandes chaises colorées à différents endroits de la ville. L’idée ? Faire en sorte que les habitants observent leur ville depuis un angle différent… et générer des retombées médiatiques.
Co-création et cohésion sociale
Si l’objectif immédiat du budget participatif est d’impliquer les citoyens dans la co-création et l’optimisation de leur environnement, l’objectif secondaire est de renforcer la cohésion sociale des quartiers. Afin de s’assurer que les contributions soient représentatives de la diversité de la population, la ville redouble d’efforts pour atteindre toutes les communautés et connaître leur avis sur les améliorations à apporter.
La solution : les comités citoyens. Dans deux quartiers sensibles, Muide-Meulestede-Afrikalaan et Drongen, Gand a ainsi organisé des comités citoyens, chacun composé de vingt habitants. Dans une première phase, 500 personnes ont été tirées au sort et contactées par téléphone. Afin d’assurer la plus vaste représentativité possible, l’administration a posé aux candidats quelques questions sur la composition de leur famille, leur niveau d’études et autres renseignements personnels. Vingt représentants ont ensuite été triés sur le volet par l’administration pour garantir la plus grande diversité en termes d’âge, d’appartenance culturelle et sociale, de sexe, etc.
Les membres des comités de quartier se réuniront régulièrement entre novembre 2020 et décembre 2021. Une fois les projets citoyens sélectionnés sur la plateforme, ils auront pour but d’accompagner la réflexion des porteurs de projets. Après tout, échanger des idées est une chose ; les enraciner dans un quartier particulier en est une autre. Les comités permettent donc de s’assurer que les idées sont ancrées dans les différentes communautés et de garantir le succès des futures mises en œuvre envisagées.
L’ADN des quartiers
Afin d’informer les décisions des comités, l’administration a procédé à une analyse approfondie de l’ADN de chacun de ses quartiers, en y intégrant les statistiques les plus pertinentes, les points forts, les éléments importants et les vulnérabilités de ces espaces. Quel pourcentage de la population gantoise réside dans ce quartier ? Quelle est la composition sociale de celui-ci ? Quelles sont les spécificités de cet autre ? Ces rapports, que viennent compléter des photos, des citations et des graphiques, peuvent être consultés sur le site internet et la plateforme de la ville et offrent une base de référence fiable pour définir les besoins les plus urgents de chaque quartier.
Il n’est pas rare que des projets d’amélioration urbaine s’appuient sur des statistiques de population poussées. Mais ce qui rend les analyses de Gand particulièrement puissantes, c’est qu’elles vont au delà des chiffres. Les rapports prennent ainsi en compte des éléments qualitatifs, tels que le les problèmes de solitude exprimés par les personnes agées dans certains quartiers. L’ajout de ces informations permet aux comités comme aux porteurs de projet de prendre en compte ces facteurs dans leurs décisions.
Cinq cents idées potentielles à explorer
Dans la première phase du budget participatif, qui couvrait 11 des 25 quartiers, plus de 13 000 personnes ont consulté la plateforme de la ville. 3340 individus et organisations se sont inscrits et ont proposé près de 500 idées. 472 de ces idées sont actuellement en cours d’analyse et d’élaboration.
La ville a décidé d’offrir aux habitants la possibilité de voter pour leurs idées préférées dès cette première phase. Certaines, telles que la création d’un « Groen Spoor » (sentier vert) à Sint-Amandsberg, ont reçu plus de 150 votes. Bien entendu, ces chiffres peuvent continuer à augmenter au fur et à mesure de l’avancement du projet.
Les idées échangées sont actuellement analysées afin d’en déterminer la pertinence et la faisabilité. Grâce à l’organisation des « Dialoogtafels » (« tables de dialogue »), l’administration de la ville cherche à approfondir les idées et les projets qui sont déjà sur la table. Les citoyens peuvent s’inscrire librement pour participer à ces sessions de dialogue.
Le projet est encore en pleine croissance, 11 quartiers sur 25 ayant jusqu’à présent pu faire part de leurs idées. Mais ce premier volet a bien entendu permis de tirer des enseignements précieux dont la municipalité tiendra compte lors du déploiement du deuxième volet. Globalement, la municipalité a été très satisfaite des chiffres de participation et de la qualité des contributions.
La plateforme gantoise ambitionne d’héberger un nombre croissant de projets participatifs au cours de l’année à venir. Et pour la suite ? Une consultation des citoyens sur l’emplacement de 2 000 stations de recharge de voitures électriques. Gand a développé le goût de la participation, et c’est parti pour durer !
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